Eglise Saint-Jean-Baptiste
À
son arrivée dans la Meuse, en 1925, la famille Donzelli trouve refuge dans le
village de Lacroix et Duilio installe rapidement son atelier dans la rue
principale, juste en face de l’église. Sur la façade, on devine encore les
lettres de son nom, marquant sa présence en ces lieux.
L’église ayant été très abîmée
pendant la guerre par des bombardements, c’est tout naturellement à Donzelli
que s’adresse la municipalité lorsqu’il est nécessaire de restaurer l’intérieur
de l’édifice en 1927. Connu comme sculpteur, Duilio est engagé pour la
réfection des autels et des statues et pour couvrir les murs d’un badigeon. Il
offre alors la peinture des panneaux représentant les quatre évangélistes dans
le chœur. Il effectue sans doute sa première peinture monumentale. Il décore
ensuite les deux absidioles, la
chapelle des fonts baptismaux, l’entourage de la porte d’entrée et le transept
ouest pour lequel il sculpte aussi l’autel du Sacré-Cœur et la statue qui le
surmonte. L’aménagement du transept est vraisemblablement plus tardif car la
technique semble plus maîtrisée pour la Crucifixion et l’Incrédulité de saint
Thomas. La date de 1936 est portée sous les pieds du soldat tenant une lance.
Sa formation à l’école des
Beaux-Arts se ressent fortement dans les différentes scènes peintes par
l’artiste qui s’inspire des grands maîtres italiens mais aussi nordiques :
derrière le maître-autel, le panneau de la Vierge à l’Enfant reproduit un
tableau de Carlo Dolci (La Vierge au
voile, XVIIe siècle, palais Corsini, Rome) ; le mariage de
la Vierge rappelle les compositions de Pérugin et de Raphaël ; les anges
musiciens du fond s’inspirent de la peinture siennoise ; sur le panneau de
la Sainte famille, la posture de la Vierge portant l’enfant est très proche de La
Vierge et l'Enfant avec la famille du bourgmestre Meyer* d’Hans Holbein le Jeune.
Sur le plan technique, l’église a
servi de terrain d’expérimentation puisque Donzelli a peint avec une technique
s’apparentant à celle de la fresque mais également sur un enduit de plâtre dans
les absidioles, ce qui explique la fragilité de la peinture dans ces chapelles.
Celle de gauche est d’ailleurs inachevée en partie haute : des niches ont
été peintes pour accueillir des personnages qui n’y ont jamais été placés. Dans
l’absidiole de droite, on peut penser que le registre supérieur avec les anges
tenant les instruments de la Passion est de la main de Dante, fils de Duilio,
car on y retrouve les aplats de couleur vive et la stylisation dans les drapés.
L’ensemble constitue donc un tout
hétérogène mais particulièrement intéressant pour comprendre le parcours des
artistes.
* peinte entre 1526 et
1528, cette huile sur bois, également connu sous le nom de Madone de Darmstadt,
est conservée à la Kunsthalle Würth
de Schwäbisch Hall (Wurtemberg).
Absidioles : En architecture religieuse, une absidiole,
appelée aussi chapelle absidiale, est une chapelle secondaire de petite
dimension s'ouvrant sur l'abside. Saillant en nombre variable autour du chevet,
on l'appelle aussi « chapelle rayonnante ». Les absidioles peuvent aussi être
placées en couronne autour du déambulatoire. Wikipédia
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