dimanche 4 août 2019

Esnes-en-Argonne, Eglise Saint-Martin


   Eglise Saint-Martin



            À la fin de la Première Guerre mondiale, le village n’est plus qu’un champ de ruines et il faut tout reconstruire. Les plans de la nouvelle église sont dessinés par l’architecte communal, René Barba, sur un nouvel emplacement avec la réutilisation des pierres du château datant du XVIIe siècle. Le projet est approuvé en 1928 et l’église est inaugurée en 1930. Cependant, dès 1934, des infiltrations sont constatées au niveau du chœur : il est nécessaire de refaire les peintures.
            La pose d’un nouveau décor peint est confiée à Duilio Donzelli qui entreprend alors d’orner de peintures murales le chœur de l’église et l’arc-triomphal. Du fait de leur mauvais état, les peintures de l’abside ont été recouvertes en 2011 d’un enduit uniforme toujours visible. Elles représentaient des anges peints sur la voûte du chœur, comme à Haudiomont. Entre les vitraux était représenté le Tétramorphe.
            Le décor subsistant dans le chœur se compose essentiellement de deux tableaux sur le thème de l’eucharistie, disposés de part et d’autre, au-dessus des portes latérales. Celui de droite témoigne du souvenir encore prégnant des combats de 14-18 : le chanoine Ardant, un aumônier militaire originaire de Limoges qui était sur le front de Verdun, porte la communion sur le champ de bataille à un soldat blessé, allongé sur une civière et soutenu par l’un de ses compagnons d’armes. L’autre panneau montre le repas du Christ chez les disciples d’Emmaüs : il est surprenant d’y voir représenté un couple et non deux hommes, comme le laissent entendre les textes bibliques.
            L’élément le plus marquant de ce décor est l’arc-triomphal dominé par l’Agneau mystique : les parties latérales sont occupées par deux grands escaliers qui partent de deux portes ouvertes dans l’embrasure desquelles une silhouette se dessine. Les disciples, six de chaque côté, descendent les marches, portant chacun un attribut de son martyre*. Cette scène ne fait, semble-t-il, allusion à aucun texte biblique particulier mais constitue une adaptation du thème des douze apôtres, peut-être envoyés en mission, développé également à Seuzey et à Haraumont, à l’espace disponible pour le représenter, créant ce décor très original.


* à l’exception de Pierre muni d’une clé et de Saint Jean qui n’aurait pas souffert le martyre et tient un calice d’où sort un serpent rappelant la tentative d’empoisonnement dont il a été victime.

Tétramorphe : Représentation des quatre évangélistes dans leur forme allégorique : l'Homme pour Matthieu, l'Aigle pour Jean, le Taureau pour Luc et le Lion pour Marc, inspirée de la vision d’Ezéchiel (Ez 1 : 1-14) et de la description des Quatre Vivants de l’Apocalypse.

Agneau de Dieu : symbole chrétien rappelant le sacrifice du Christ et la parole de Jean-Baptiste : "Voici l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde" (Jn 1,29).



Informations données par un service du Département de la Meuse




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