lundi 5 août 2019

Thillot, Eglise Saint-Abdon

Eglise Saint-Abdon





Ce village, durement éprouvé pendant le Premier conflit mondial, possède deux œuvres de Donzelli : le monument aux morts situé sur la place de la mairie, du mobilier liturgique et un décor peint dans l’église reconstruite par l’architecte Gaston Lemaire entre 1926 et 1927 en remplacement de l’édifice antérieur détruit.
            Alors que le monument est signé par l’artiste et abondamment mentionné dans les documents d’archives, l’attribution des peintures de l’église à Duilio Donzelli s’appuie sur une analyse stylistique. Le décor se déploie dans le chœur, sur l’arc-triomphal et dans les bras du transept. Sur chaque voûte figurait, sur un fond bleu-violet parsemé de rinceaux végétaux, un soleil entouré d’un anneau étoilé. Ce décor est encore visible dans le chœur et dans le bras gauche du transept mais dans le bras droit et à la croisée du transept, il est dissimulé par un badigeon blanc sous lequel il est possible de le deviner. Les éléments célestes renvoyant peut-être à la Création du monde peuvent aussi être admirés dans les églises de Maizey et de Véry.
            L’arc-triomphal et la voûte de l’abside portent de nombreux symboles chrétiens : Agneau mystique, monogramme du Christ (« IHS »), phénix et pélican, ces oiseaux fabuleux qui évoquent le sacrifice puis la Résurrection du Christ et qui sont visibles à Seuzey et à Kœur-la-Grande. Un Tétramorphe a été placé sur les murs du chœur ; chaque Évangéliste est représenté dans un losange, sous les niches des statues. Dans les parties hautes du transept ont été reproduites des armoiries : à gauche, celles du pape Pie IX (1922-1939) et à droite, celles de l’évêque de Verdun, Monseigneur Ginisty (1914-1946).
            Les murs du transept sont décorés de panneaux en grisaille : à droite, Jeanne d’Arc représentée en paysanne lorraine (peu lisible) en s’inspirant de la statue sculptée par Henri Chapu* à la fin du XIXe siècle et à gauche, un ange bénissant un enfant. Cette technique de la peinture en grisaille a été utilisée également pour le décor d’une chapelle de l’église de Creuë montrant Ève et la Vierge. L’hypothèse que le décor de cette église daterait du début des années 1930 peut être émise sur la base de ce parallèle stylistique avec les peintures de Creuë, réalisées en 1933.
            Les trois autels sont sans doute aussi l’œuvre de Donzelli : les autels latéraux s’apparentent à ceux des églises d’Haudiomont et d’Haumont-lès-Lachaussée quant à la structure et au décor. Sur la partie basse du maître-autel, le Christ mort sculpté en haut-relief est très expressif. Mobilier liturgique, peintures murales et monument aux morts de la place de la mairie constituent un ensemble significatif de l’artiste dans le village.


* la statue Jeanne d’Arc à Domrémy a été réalisée en marbre en 1871, elle est conservée au musée d’Orsay. Le modèle a été ensuite décliné dans tous types de matériaux.

Le transept : Est une nef transversale qui coupe à angle droit la nef principale d’une église et qui lui donne ainsi la forme symbolique d’une croix latine. La croisée du transept est la partie centrale du transept, commune avec le vaisseau principal de la nef. Wikipédia
Arc triomphal : Dans l'architecture religieuse, un arc triomphal est un arc qui sépare la nef et le chœur d'une église. Wikipédia
L'abside : du latin absis lui-même dérivé du grec ἁψίς, est la partie saillante en demi-cercle d'un bâtiment monumental ou privé. Wikipédia
Agneau de Dieu : symbole chrétien rappelant le sacrifice du Christ et la parole de Jean-Baptiste : "Voici l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde" (Jn 1,29).

IHS : Forme abrégée et translittération imparfaite du nom "Jésus" en grec, utilisé plus tard par l'église comme monogramme pour Jesus Hominis Salvator ("Jésus, le Sauveur des hommes").

Phoenix : cet oiseau mythique, caractérisé par son pouvoir de renaître après s'être consumé dans les flammes, symbolise le Christ ressuscité.
Pélican : Symbole chrétien, le pélican est l'incarnation du Christ, qui se sacrifie pour le salut de l'humanité, car au Moyen Âge, on croyait qu’il perçait son flanc pour nourrir ses petits de sa propre chair et de son sang pour les sauver.


Tétramorphe : Représentation des quatre évangélistes dans leur forme allégorique : l'Homme pour Matthieu, l'Aigle pour Jean, le Taureau pour Luc et le Lion pour Marc, inspirée de la vision d’Ezéchiel (Ez 1 : 1-14) et de la description des Quatre Vivants de l’Apocalypse.











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