dimanche 4 août 2019

Lacroix-sur-Meuse, Eglise Saint-Jean-Baptiste

Eglise Saint-Jean-Baptiste

À son arrivée dans la Meuse, en 1925, la famille Donzelli trouve refuge dans le village de Lacroix et Duilio installe rapidement son atelier dans la rue principale, juste en face de l’église. Sur la façade, on devine encore les lettres de son nom, marquant sa présence en ces lieux.
            L’église ayant été très abîmée pendant la guerre par des bombardements, c’est tout naturellement à Donzelli que s’adresse la municipalité lorsqu’il est nécessaire de restaurer l’intérieur de l’édifice en 1927. Connu comme sculpteur, Duilio est engagé pour la réfection des autels et des statues et pour couvrir les murs d’un badigeon. Il offre alors la peinture des panneaux représentant les quatre évangélistes dans le chœur. Il effectue sans doute sa première peinture monumentale. Il décore ensuite les deux absidiolesla chapelle des fonts baptismaux, l’entourage de la porte d’entrée et le transept ouest pour lequel il sculpte aussi l’autel du Sacré-Cœur et la statue qui le surmonte. L’aménagement du transept est vraisemblablement plus tardif car la technique semble plus maîtrisée pour la Crucifixion et l’Incrédulité de saint Thomas. La date de 1936 est portée sous les pieds du soldat tenant une lance.
            Sa formation à l’école des Beaux-Arts se ressent fortement dans les différentes scènes peintes par l’artiste qui s’inspire des grands maîtres italiens mais aussi nordiques : derrière le maître-autel, le panneau de la Vierge à l’Enfant reproduit un tableau de Carlo Dolci (La Vierge au voile, XVIIe siècle, palais Corsini, Rome) ; le mariage de la Vierge rappelle les compositions de Pérugin et de Raphaël ; les anges musiciens du fond s’inspirent de la peinture siennoise ; sur le panneau de la Sainte famille, la posture de la Vierge portant l’enfant est très proche de La Vierge et l'Enfant avec la famille du bourgmestre Meyer* d’Hans Holbein le Jeune.
            Sur le plan technique, l’église a servi de terrain d’expérimentation puisque Donzelli a peint avec une technique s’apparentant à celle de la fresque mais également sur un enduit de plâtre dans les absidioles, ce qui explique la fragilité de la peinture dans ces chapelles. Celle de gauche est d’ailleurs inachevée en partie haute : des niches ont été peintes pour accueillir des personnages qui n’y ont jamais été placés. Dans l’absidiole de droite, on peut penser que le registre supérieur avec les anges tenant les instruments de la Passion est de la main de Dante, fils de Duilio, car on y retrouve les aplats de couleur vive et la stylisation dans les drapés.
            L’ensemble constitue donc un tout hétérogène mais particulièrement intéressant pour comprendre le parcours des artistes.


* peinte entre 1526 et 1528, cette huile sur bois, également connu sous le nom de Madone de Darmstadt, est conservée à la Kunsthalle Würth de Schwäbisch Hall (Wurtemberg).

Absidioles : En architecture religieuse, une absidiole, appelée aussi chapelle absidiale, est une chapelle secondaire de petite dimension s'ouvrant sur l'abside. Saillant en nombre variable autour du chevet, on l'appelle aussi « chapelle rayonnante ». Les absidioles peuvent aussi être placées en couronne autour du déambulatoire. Wikipédia












Kœur-la-Grande, Eglise Saint-Martin

Eglise Saint-Martin


Construite au XVe siècle à l’époque de René d’Anjou (1409-1480), dans le style ogival et remaniée au cours du XVIIe siècle, l’église a reçu un décor peint après la réfection du chœur, abîmé lors de la Première Guerre mondiale. En 1938, Duilio Donzelli a recouvert de peintures le transept et le chœur. La commande émane de la paroisse qui a assuré une grande partie du financement en faisant appel aux dons des fidèles dans ses bulletins paroissiaux.
            La thématique principale des décors est la vie du saint patron de l’église, Martin de Tours (316-397), que l’on retrouve également dans l’église de Cierges-sous-Montfaucon. Elle est racontée en cinq épisodes célèbres tirés pour la plupart de la Légende dorée de Jacques de Voragine (vers 1230-1298). Sur la gauche, Martin est présenté enfant, en train d’enseigner le catéchisme à ses camarades. On le voit ensuite partageant son manteau aux portes de la ville d’Amiens. Au centre, derrière le maître-autel, l’apparition du Christ en songe à Martin est associée à la phrase de l’Évangile « Venez, les bénis de mon Père, car j’étais nu et vous m’avez vêtu » (Mt 25, 34), faisant écho à l’épisode du manteau : le Christ est figuré dans une mandorle, entouré d’anges, et porte le manteau, objet de la charité de Martin. Le cycle se poursuit à droite avec deux miracles : l’apparition d’un globe de feu pendant une messe célébrée par Martin et l’abattage de l’arbre sacré des païens qui manquent d’être écrasés par la chute de l’arbre.
            La voûte de la croisée du transept porte le Tétramorphe, qui se retrouve fréquemment dans les décors de Donzelli. Ici les quatre symboles entourent un livre portant les lettres grecques A (alpha) et Ω (oméga), qui rappellent que le Christ est le début et la fin de toute chose. De chaque côté sont visibles des armoiries : à droite, celles de Pie XI (pape de 1922 à 1939) surmontées de la tiare, et à gauche, celle de Monseigneur de Ginisty, évêque de Verdun (1914-1946). Le décor de fausse pierre assure l’unité de l’ensemble.
L’influence de la peinture italienne est nettement perceptible dans le rendu des vêtements et dans l’arrière-plan occupé par des architectures ou des paysages naturalistes. Comme l’indique une inscription placée derrière le maître-autel, les décors ont été restaurés en 1993 par le fils de Duilio, Dante : les différences de teintes et de traitement sont nettement visibles sur les voûtes du transept.

La charité de Saint-Martin : Épisode survenu au cours de l'hiver 338. En garnison à Amiens, Martin rencontra un mendiant sans vêtements, tremblant de froid. Martin coupa son manteau et en donna la moitié à ce pauvre (en fait, il ne lui en donna que la moitié, car l'autre moitié appartenait à l'armée romaine). La nuit suivante le Christ, vêtu d'un demi-manteau, apparut à Martin dans un rêve et le remercia pour cet acte bienveillant.
Mandorle : figure géométrique en forme d'amande, dans laquelle s'inscrivent des personnages sacrés
Tétramorphe : Représentation des quatre évangélistes dans leur forme allégorique : l'Homme pour Matthieu, l'Aigle pour Jean, le Taureau pour Luc et le Lion pour Marc, inspirée de la vision d’Ezéchiel (Ez 1 : 1-14) et de la description des Quatre Vivants de l’Apocalypse.
Monogramme du Christ entre Alpha et Omega : Symbole chrétien de l'éternité du Christ, les premières lettres de son nom (Chi et Rho) sont écrites entre les premières et dernières lettres de l'alphabet grec. Elles signifient que le Christ est à l'origine et à la fin de toute chose. Autrement dit, elles traduisent l'incarnation et l'éternité du Seigneur.
La Légende dorée : Cette extraordinaire vie des saints écrite par Jacques de Voragine, archevêque de Gênes, est, avec la Bible, le livre le plus lu

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Haudiomont, Eglise Saint-Urbain

Eglise Saint-Urbain

Consacrée à un pape du IIIe siècle, cette église remplace un édifice daté du milieu du XVIIe siècle et détruit pendant la Première Guerre mondiale. Le projet de reconstruction de l’architecte Blays est approuvé le 24 mai 1924 et la bénédiction a lieu trois ans plus tard.
            Le programme peint réalisé par Duilio Donzelli revêt un caractère particulièrement décoratif. Au total, dix-sept anges sont représentés dans le chœur, sur deux niveaux ; au premier, douze anges, six de chaque côté, avancent en procession tenant une palme ou une lampe. Initialement l’artiste avait voulu montrer un cortège ininterrompu, mais il a opéré un repentir pour faire figurer au centre une mandorle accueillant la statue de saint Urbain. Les symboles chrétiens du phénix, de la corbeille de pain avec les poissons, de la main de Dieu bénissant et du pélican encadrent les oculi qui séparent les deux niveaux.
Sous la voûte, cinq anges tiennent un parchemin qui énumère l’ensemble de la hiérarchie céleste (Anges, Archanges, Trônes, Dominations, Principautés, Puissances, Vertus, Chérubins, Séraphins). Des différences stylistiques apparaissent nettement entre les deux niveaux : en partie haute, les anges ont des attitudes plus figées, les traits du visage sont moins détaillés, le fond est traité en aplat de couleur bleue et les nuages sont particulièrement schématiques. Cette différence s’explique peut-être par l’intervention d’une autre main, Duilio ayant réalisé la partie basse tandis que les anges tenant le parchemin seraient l’œuvre de son fils Dante (1908-1999). Ce dernier s’inscrit davantage encore que son père dans le courant de l’Art déco par une géométrisation et une stylisation des formes. Si aucune signature n’a été retrouvée, les sources nous confirment l’intervention des Donzelli en 1932.
            Les autels latéraux dédiés à la Vierge, à gauche, et à saint Nicolas, à droite, sont entourés d’un décor végétal de fleurs de lys sur lesquelles sont dessinés des blasons : les armes de Saint-Nicolas-de-Port et celles de la Lorraine sont associées à saint Nicolas. Au fond de l’église, la chapelle des fonts baptismaux porte un décor peint en lien avec la fonction du lieu : le médaillon, porté par deux anges en grisaille, accueille un baptême du Christ par Jean-Baptiste.

Repentir : En peinture est une partie du tableau qui a été recouverte par le peintre soit en cours de réalisation soit longtemps après pour en modifier le sens ou la composition.

Phoenix : cet oiseau mythique, caractérisé par son pouvoir de renaître après s'être consumé dans les flammes, symbolise le Christ ressuscité.
Pélican : Symbole chrétien, le pélican est l'incarnation du Christ, qui se sacrifie pour le salut de l'humanité, car au Moyen Âge, on croyait qu’il perçait son flanc pour nourrir ses petits de sa propre chair et de son sang pour les sauver.
Oculi : ouvertures pratiquées sur un comble de voûte

Hiérarchie céleste : classification des êtres célestes établie au Ve siècle. Cette hiérarchie est traditionnellement composée de trois niveaux, en fonction de la proximité des anges à Dieu : viennent d'abord les Séraphins, les Chérubins et les Trônes, les Dominations, les Principautés, les Puissances, les Vertus et enfin les Archanges et les Anges. Neuf catégories différentes.

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Apremont-la-Forêt, Eglise de La-Nativité-de-la-Vierge


Apremont-la-Forêt,   Eglise de La-Nativité-de-la-Vierge


            Construite en 1926 d’après les plans des architectes Jean Lauthe et Théo Clément sur un nouvel emplacement, pour substituer l’édifice antérieur détruit pendant la Première Guerre mondiale, l’église a reçu un décor peint réalisé par Duilio Donzelli. Ici, seul le chœur est orné.
La peinture murale associe en un seul tableau et de manière originale deux thématiques chrétiennes traditionnelles que l’on retrouve sous différentes formes dans l’œuvre de l’artiste : la Trinité et le Couronnement de la Vierge. Au centre de la voûte, dans une mandorle se détachant du fond jaune-orangé, Dieu le Père, barbu et nimbé, est assis sur son trône. Les attributs qu’il porte l’apparentent tant à l’empereur (sceptre et globe terrestre) qu’au pape (tiare et pallium). À ses pieds, la colombe de l’Esprit Saint descend vers le Fils, faisant le lien avec la scène du Couronnement de la Vierge : le Christ, déjà couronné et de taille plus imposante que sa mère, couronne Marie. De part et d’autre se tiennent huit anges musiciens : les deux premiers soufflent dans leurs instruments (une double flûte pour celui de droite et un cor pour l’autre), les quatre suivants chantent tandis que les deux derniers jouent de la harpe.
La technique de peinture par petites touches constituant des filets de couleurs est caractéristique de l’artiste qui utilise souvent les tonalités bleues, dorées et orangées qui dominent ici. L’influence de l’art byzantin est particulièrement sensible dans cette réalisation, à travers le hiératisme et la solennité des personnages, notamment le Père. L’œuvre est datée et signée par la mention suivante que l’on peut apercevoir sur le fond bleu en bas à droite :
 « D. DONZELLI A LA + S/M 1933 » (« Duilio Donzelli à Lacroix-sur-Meuse 1933 »).
Non loin d’ici, dans la commune-associée de Marbotte, l’église Saint-Gérard a elle aussi bénéficié d’un décor réalisé par les Donzelli, daté de 1939 et commandé par la famille d’un soldat disparu, Maurice Paris : il s’agit cette fois d’un triptyque peint sur panneaux de bois près des fonts baptismaux et représentant le baptême du Christ entre deux anges adorateurs. La facture assez stylisée de ces anges et la signature en minuscules peuvent laisser penser que Dante Donzelli (1909-1999), fils de Duilio, en serait l’auteur.

Caractère hiératique : Caractère de majesté sévère, d’immobilité ou de gravité qui semble être imposer par un                                                         rite ou une tradition. 
Mandorle : figure géométrique en forme d'amande, dans laquelle s'inscrivent des personnages sacrés

Pallium : vêtement liturgique catholique qui ne peut être porté que par le pape et quelques autres prélats.
Tiare : Haut couvre-chef orné de trois couronnes et parsemé de pierres précieuses. Il est surmonté d'un                      petit globe impérial avec une croix. Portée par le souverain pontife lors des cérémonies officielles                      jusqu'à l'époque de Paul VI (1963-1978)


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Belleville-sur-Meuse, Eglise Saint-Sébastien

Eglise Saint-Sébastien


L’église actuelle succède à une précédente bâtie au début du XVIIIe siècle à l’emplacement marqué par un petit square à côté du cimetière et détruite au début de la bataille de Verdun, en février 1916. Elle a été élevée à 400 mètres de l’ancienne sur des plans dressés en février 1925 par l’architecte Henri Calley (1885-1959). L’édifice, construit en moellons, pierre de taille de Lérouville et béton armé, est achevé en 1930.
            Neuf ans plus tard, en 1939, Duilio Donzelli y intervient, sans doute à la demande du curé de la paroisse, l’abbé Naviaux, pour décorer le chœur et l’arc-triomphal. Comme dans les églises d’Haraumont et de Mécrin, les murs de l’abside portent les douze apôtres. Ceux-ci sont tournés vers le milieu occupé par deux anges qui entourent un faisceau de lumière destiné à glorifier le Christ en croix placé à cet endroit. Chaque apôtre est identifiable grâce à son nom latin inscrit dans son nimbe et à l’attribut qu’il tient, souvent un instrument de son martyre. Saint Pierre avec la croix et saint Paul, tenant l’épée, sont agenouillés de part et d’autre des anges. Aux extrémités se retrouvent les armoiries de l’évêque de Verdun, Monseigneur Ginisty, et des papes Pie XI (1922-1939), qui vient de mourir, et Pie XII (1939-1958), fraîchement élu le 2 mars 1939. En dessous, une frise de postes est interrompue par un Tétramorphe. Sur la voûte est peint un Pantocrator entouré d’une dizaine d’anges faisant monter les effluves de leur brûle-parfum vers ce Christ en gloire. Ce dernier n’est pas sans rappeler l’art byzantin et ses grands bustes de Christ qui ornaient les voûtes des absides des églises du bassin méditerranéen. L’arc-triomphal est quant à lui paré des scènes de la Nativité et de la Déploration sur le corps du Christ.
            Les compositions peintes ont été rehaussées de tesselles de mosaïque créant un ensemble lumineux, homogène et particulièrement réussi. Le travail sur les dégradés, notamment dans le ciel, est admirable et l’on remarque la touche si caractéristique de Donzelli, à mi-chemin entre l’imitation de la mosaïque et le pointillisme. L’artiste peint en effet par touches de couleurs juxtaposées, constituant des filets colorés qui viennent ajouter des nuances et des contrastes au fond uni, souvent plus clair. L’entourage des compositions est fait de deux rangs de petits carrés de couleurs différentes imitant la mosaïque. L’ensemble est l’un des plus aboutis de l’artiste dans les églises meusiennes.


Juxtaposés : qui forment des lignes de couleur, qui fournissent au fond monochrome, souvent plus lumineux, des nuances et des contrastes. L’environnement des compositions est constitué de deux rangées de petits carrés de couleurs différentes qui reproduisent la mosaïque. L'œuvre complète est l'une des plus réussies de l'artiste dans les églises du département.
Nimbus (halo) : anneau de lumière ou disque représenté autour de la tête des Saints, des Héros élevés à Dieu ou par Dieu.
Pantocrator : Le Christ s'appelle Majestas Domini, d. h. présenté dans une posture majestueuse ou avec les attributs du pouvoir de domination.
Tétramorphe : Représentation des quatre évangélistes dans leur forme allégorique : l'Homme pour Matthieu, l'Aigle pour Jean, le Taureau pour Luc et le Lion pour Marc, inspirée de la vision d’Ezéchiel (Ez 1 : 1-14) et de la description des Quatre Vivants de l’Apocalypse.


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https://musees-meuse.fr/belleville-sur-meuse-eglise-saint-sebastien/







Haumont-les-Lachaussée, Eglise Sainte-Anne

Eglise Sainte-Anne


Reconstruite en 1928 par l’entrepreneur Émile Receveur sous la direction de l’architecte René Marson, l’église Sainte-Anne accueille dès 1929 un décor peint et du mobilier réalisés par Duilio Donzelli. La peinture monumentale a en partie disparu, recouverte par un badigeon blanc dans la nef et sur les murs du chœur, mais les éléments les plus intéressants subsistent. La voûte étoilée de la corniche du plafond de la nef ainsi que les imitations de marbre, notamment les niches derrière les statues des autels latéraux, se laissent parfois deviner.
            Le travail des Donzelli à Haumont est particulièrement connu grâce aux nombreux documents d’archives qui le documentent : devis, lettres, plans du mobilier et marchés ont été conservés et constituent de précieuses sources. L’église Sainte-Anne figure parmi les premiers grands chantiers de Donzelli dans la Meuse, en 1929-1930, après ses premiers pas à Lacroix-sur-Meuse : l’artiste a réalisé l’ensemble du décor (chœur, nef et chemin de croix sur toile) ainsi que le mobilier. Alors que le programme initial prévoyait uniquement la représentation du Saint-Esprit, le plafond du chœur est orné d’une Trinité sur laquelle le Fils est figuré enfant, ce qui est plutôt atypique, sans être unique.
            Le mobilier se compose d’un maître-autel, de deux autels latéraux, des fonts baptismaux et de bénitiers. Les autels ont été taillés dans de la pierre de Savonnières et le maître-autel a reçu des panneaux sculptés représentant la Nativité et la Crucifixion. Ces derniers peuvent être rapprochés de ceux du maître-autel de Trésauvaux, également sculptés par Donzelli en 1930 et représentant l’Annonciation et la Déploration sur le corps du Christ.
            L’élément le plus original de l’ensemble est le chemin de croix : les quatorze stations sont peintes sur toile puis fixées dans les encadrements prévus à cet effet sur les murs de la nef. Dans un style italianisant avec l’omniprésence d’éléments d’architecture ou de paysages et le travail sur les drapés, Donzelli a réalisé des tableaux à plusieurs personnages pour illustrer la Passion du Christ, depuis sa condamnation à mort jusqu’à sa mise au tombeau.
            Dans cette église, Duilio fait montre de l’étendue de son talent par la maîtrise des techniques de taille de pierre, de sculpture, de peinture sur toile et de peinture monumentale.

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Saint Nazaire le Desert en Drôme. Monument

Monument à Saint Nazaire le Desert en Drôme.

Sur la place de l'église 

Monument inauguré en mai 1947. 

Réalisé sous l'impulsion de l'abbé Marius Michel en souvenir d’un vœu prononcé 
pendant la seconde guerre mondiale pour avoir été épargné par la venue des
allemands dans la vallée de la Roanne. 
La statue de l'archange Saint-Michel terrassant le démon a été réalisée 
par :
le sculpteur Donzelli 
le socle par l'entrepreneur de Gumiane Ch. Raspail.

Relevé initial effectué par : Sylvaine LABORDE CASTEX


http://      www.memorialgenweb.org/memorial3/html/fr/resultcommune.php?idsource=77657

Haraumont, Eglise Saint-Firmin

Eglise Saint-Firmin



Construite à la fin du XVIIIe siècle, comme l’indique la date de 1771 qui figure au sommet de l’arc-triomphal, l’église d’Haraumont, abîmée pendant la Grande guerre, a besoin d’être restaurée au milieu des années 1930. Le curé de la paroisse, l’abbé Hussenet, fait alors appel à Duilio Donzelli pour le nouveau décor. L’artiste commence par orner la nef d’un chemin de croix avant de peindre l’arc-triomphal et le chœur.
            Les quatorze stations du chemin de croix sont particulièrement réussies et ont beaucoup marqué les contemporains, comme en témoignent les bulletins paroissiaux de l’année 1936, date de la réalisation de l’œuvre. Cette dernière est très appréciée par sa composition spéciale avec des plans rapprochés et la réalisation des visages, extrêmement expressifs. Des quatre chemins de croix peints par Donzelli (les autres se situent à Haumont-les-Lachaussée, à Véry et à Saint-Christophe-et-le-Laris dans la Drôme), c’est le seul qui est autant centré sur la figure du Christ et ses souffrances. Il transcrit une évolution de l’art religieux dans laquelle la souffrance des soldats morts au combat et de leur mère est retranscrite dans le visage du Christ et de sa mère. Les instruments de la Passion sont représentés comme à Véry et viennent compléter les groupes de trois stations.
            Dans l’abside, la voûte porte vingt-quatre anges adorateurs, mains jointes ou croisées sur la poitrine : ils sont peints dans des camaïeux de bleus et seuls leurs nimbes dorés ressortent. Au-dessus des belles boiseries, le décor des murs du chœur reprend une thématique souvent illustrée par Donzelli, celle des douze apôtres (également à Seuzey, à Esnes-en-Argonne, à Belleville-sur-Meuse) inspirée des mosaïques byzantines de Ravenne. Chaque personnage est identifiable à son attribut (le couteau pour Barthélémy, les clés pour Pierre ou la scie pour Simon par exemple) et au nom inscrit dans le nimbe. La citation du verset « Allez par tout le monde et prêchez la bonne nouvelle à toute la création » (Marc 16, 15), exprime clairement que c’est l’envoi en mission des apôtres qui est représenté.
            Ce décor a été financé en grande partie grâce aux dons des paroissiens et a donc été effectué en plusieurs étapes : peinture de la nef en 1936 jusqu’à l’arc-triomphal tandis que le chœur est décoré en 1937, comme l’indiquent les dates visibles sur l’arc-triomphal et dans le chœur. Les groupes sculptés dans la nef sont aussi, en partie, l’œuvre de Donzelli (restauration ou sculpture intégrale ?) qui a orné de mosaïques les nimbes des saints, sur le groupe de la Déposition de croix et sur celui représentant sainte Thérèse de Lisieux.

Arma Christi (outils de la passion) : des outils qui ont infligé des souffrances à Jésus-Christ : échelle, couronne d'épines, marteau, clous, piques, lance, éponge, croix ...

Nimbus (halo) : anneau de lumière ou disque représenté autour de la tête des Saints, des Héros élevés à Dieu ou par Dieu.

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Hannonville-sous-les-Côtes, Eglise Saint-Martin

Eglise Saint-Martin



Cet imposant édifice, construit en 1829 sur un plan allongé à trois vaisseaux, est abîmé pendant la Première Guerre mondiale par plusieurs obus qui ont détérioré le clocher, la toiture de la nef et le chœur. L’église est restaurée en 1925-1926 par un architecte nancéien, André César (1886-après 1935), et l’abbé Job (1886-1976), curé de la paroisse, fait appel à Duilio Donzelli pour refaire le décor intérieur et certaines pièces de mobilier.
            Les peintures du pourtour du chœur et des autels latéraux sont avant tout décoratives (feuillages, fleurs de lys, motifs géométriques) et les symboles dans les médaillons sont en lien avec les saints figurés par les statues : la Vierge et le Sacré-Cœur sur les autels latéraux, saint Joseph, saint Nicolas, sainte Anne et sainte Jeanne d’Arc dans le chœur. La voûte de l’abside est occupée par une représentation du Christ-roi, debout dans une mandorle et entouré de sept anges qui le glorifient : trois portent des banderoles avec l’inscription « Toi, roi de gloire, nous t’adorons »*, deux agitent des encensoirs et les deux derniers présentent au Christ les attributs de la royauté, la couronne, le sceptre et le globe. Écho à la fête du Christ-Roi, instaurée en 1925 par le pape Pie XI pour affirmer et honorer la royauté du Christ, cette scène est également représentée à Rouvrois-sur-Meuse et à Dieue-sur-Meuse.
            Duilio Donzelli a aussi reçu des commandes pour le porte-cierge en bois visible dans le chœur, le meuble accueillant le reliquaire de saint Airy et de saint Maur dans le bas-côté nord, les fonts baptismaux du bas-côté sud et peut-être également de la statue de saint Martin du fond de l’abside.
            Dans le cimetière, plusieurs tombes ont été sculptées par Donzelli, tout comme le monument aux morts de la guerre sur lequel sont apposés les noms des victimes civiles et militaires du conflit. Le Christ qui domine reprend l’attitude du Christ-Roi de l’abside mais également celle du Christ de l’autel construit aux Éparges. Les bas-reliefs du monument illustrent les horreurs de la guerre : un soldat mort est étendu devant un champ de ruines, tandis que de l’autre côté, des baraquements entourés de murs font allusion aux camps de prisonniers de Zwickau (Saxe) et de Rastadt (Bade) où a été déportée la population en 1914.
            Sur le territoire de la commune, Donzelli a encore réalisé un autel de calvaire en mémoire du chanoine Huard, situé sur la route de Fresnes et un autre en mémoire du chanoine Leguillette.


* Inscription latine « TU REX GLORIAE ADORAMUS TE ».

Mandorle : figure géométrique en forme d'amande, dans laquelle s'inscrivent des personnages sacrés
Encensoir : vase brûle parfum accroché à 3 petites chaînes, dans lequel l'encens est brûlé et tourbillonné pendant les célébrations de l'église, en tant que symbole de la prière des fidèles, qui s'élève à Dieu.

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Esnes-en-Argonne, Eglise Saint-Martin


   Eglise Saint-Martin



            À la fin de la Première Guerre mondiale, le village n’est plus qu’un champ de ruines et il faut tout reconstruire. Les plans de la nouvelle église sont dessinés par l’architecte communal, René Barba, sur un nouvel emplacement avec la réutilisation des pierres du château datant du XVIIe siècle. Le projet est approuvé en 1928 et l’église est inaugurée en 1930. Cependant, dès 1934, des infiltrations sont constatées au niveau du chœur : il est nécessaire de refaire les peintures.
            La pose d’un nouveau décor peint est confiée à Duilio Donzelli qui entreprend alors d’orner de peintures murales le chœur de l’église et l’arc-triomphal. Du fait de leur mauvais état, les peintures de l’abside ont été recouvertes en 2011 d’un enduit uniforme toujours visible. Elles représentaient des anges peints sur la voûte du chœur, comme à Haudiomont. Entre les vitraux était représenté le Tétramorphe.
            Le décor subsistant dans le chœur se compose essentiellement de deux tableaux sur le thème de l’eucharistie, disposés de part et d’autre, au-dessus des portes latérales. Celui de droite témoigne du souvenir encore prégnant des combats de 14-18 : le chanoine Ardant, un aumônier militaire originaire de Limoges qui était sur le front de Verdun, porte la communion sur le champ de bataille à un soldat blessé, allongé sur une civière et soutenu par l’un de ses compagnons d’armes. L’autre panneau montre le repas du Christ chez les disciples d’Emmaüs : il est surprenant d’y voir représenté un couple et non deux hommes, comme le laissent entendre les textes bibliques.
            L’élément le plus marquant de ce décor est l’arc-triomphal dominé par l’Agneau mystique : les parties latérales sont occupées par deux grands escaliers qui partent de deux portes ouvertes dans l’embrasure desquelles une silhouette se dessine. Les disciples, six de chaque côté, descendent les marches, portant chacun un attribut de son martyre*. Cette scène ne fait, semble-t-il, allusion à aucun texte biblique particulier mais constitue une adaptation du thème des douze apôtres, peut-être envoyés en mission, développé également à Seuzey et à Haraumont, à l’espace disponible pour le représenter, créant ce décor très original.


* à l’exception de Pierre muni d’une clé et de Saint Jean qui n’aurait pas souffert le martyre et tient un calice d’où sort un serpent rappelant la tentative d’empoisonnement dont il a été victime.

Tétramorphe : Représentation des quatre évangélistes dans leur forme allégorique : l'Homme pour Matthieu, l'Aigle pour Jean, le Taureau pour Luc et le Lion pour Marc, inspirée de la vision d’Ezéchiel (Ez 1 : 1-14) et de la description des Quatre Vivants de l’Apocalypse.

Agneau de Dieu : symbole chrétien rappelant le sacrifice du Christ et la parole de Jean-Baptiste : "Voici l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde" (Jn 1,29).



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