lundi 5 août 2019

Saint-Maurice-sous-les-Côtes, Eglise Saint-Maurice

Eglise Saint-Maurice

C’est sans doute dans cette église, datée de la fin du XVIIIe siècle qui a échappé à la destruction lors du premier conflit mondial, que Duilio Donzelli a peint sa composition la plus monumentale avec ses cinquante et une figures représentées sur la voûte du chœur. L’ensemble n’est pas sans rappeler l’art byzantin par l’hiératisme de la figure du Christ et les cortèges de personnages reconnaissables à leurs attributs.
            Ici, comme pour le décor de plusieurs autres églises meusiennes, le thème du Christ-roi a été retenu. Le traitement est cependant singulier : assis sur un trône, le Christ, assis à la base de la voûte, porte des vêtements d’empereur byzantin. Il tient un sceptre et un globe. Au-dessus de lui, deux anges particulièrement gracieux tiennent une banderole avec une parole du Christ : « Je suis le chemin, la vérité et la vie » *. De part et d’autre du Christ se déploient deux longs cortèges de représentants des sociétés ecclésiastique et laïque, pour symboliser cette royauté universelle du Christ. À sa droite, sont reconnaissables entre autres le pape, un cardinal et un évêque, chacun accompagné de sa suite, un prêtre, des moines et des religieuses. À sa gauche, figurent des membres de la société laïque rangés derrière une allégorie de la France : une famille avec des enfants, des militaires parmi lesquels le maréchal Pétain, des magistrats et des travailleurs de différents corps de métier dont mineur et forgeron. Derrière tous ces personnages, séparés par une balustrade, ont été représentés en grisaille des monuments emblématiques tels que la basilique Saint-Pierre de Rome, celle du Sacré-Cœur à Paris, la cathédrale de Verdun ou encore l’église de Saint-Maurice elle-même. En réalisant cette composition, Donzelli avait sans doute en tête la mosaïque « Jeanne d’Arc fait l’offrande du royaume au Christ-Roi » qui orne l’absidiole sud de l’église haute de la basilique du Bois Chenu à Domrémy. Inaugurée en 1932, l’œuvre des ateliers Lorin (sur des cartons d’Henri Pinta) avait connu une large publicité puisqu’une souscription avait été lancée pour la financer.
Aucune signature n’est visible mais peut-être est-ce parce que Donzelli s’est figuré au milieu de ses compatriotes, dans son habit de peintre, avec sa palette et ses pinceaux. Une forte dynamique émane de cette composition du fait de la variété des attitudes et des groupes de personnages ainsi que du fond couleur or sur lequel les strates de nuages sont disposées de manière circulaire.
            Enfin, pour évoquer l’eucharistie en cette entrée du chœur, l’arc-triomphal est peint de scènes de vendanges et de moissons : la mise en scène d’ouvriers agricoles au travail marque l’intérêt de Donzelli pour les travailleurs, avec lesquels il a partagé la lutte pendant sa jeunesse.


* citation tirée de l’évangile de Jean, 14, 6. Sur la banderole figure le texte en latin « EGO SUM VIA, VERITAS ET VITA ».

Absidioles : En architecture religieuse, une absidiole, appelée aussi chapelle absidiale, est une chapelle secondaire de petite dimension s'ouvrant sur l'abside. Saillant en nombre variable autour du chevet, on l'appelle aussi « chapelle rayonnante ». Les absidioles peuvent aussi être placées en couronne autour du déambulatoire. Wikipédia

Caractère hiératique : Caractère de majesté sévère, d’immobilité ou de gravité qui semble être imposer par un rite ou une tradition. 
Eucharistie : Sacrement chrétien. Elle occupe une place centrale dans la doctrine et la vie religieuse de la plupart des confessions chrétiennes. Alors que les catholiques parlent d'Eucharistie, le terme de Sainte-Cène est généralement utilisé par les protestants pour désigner le même rite. Wikipédia



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