lundi 5 août 2019

Seuzey, Eglise Saint-Marcel

 Eglise Saint-Marcel




Dès 1922, les premiers plans d’une nouvelle église sont dressés par l’architecte Léon Chesnay. Des sapes, creusées par les Allemands sous les fondations de l’ancienne église, empêchent toute reconstruction sur le même emplacement. Un autre espace est choisi pour la nouvelle église, construite en 1932 sur un axe nord-sud, après de multiples débats sur sa taille et sur le choix des matériaux et des travaux de terrassement non prévus.
            En 1933-1934, Duilio Donzelli conçoit les trois autels en pierre de Brauvilliers (Meuse), le banc de communion, les bénitiers, les fonts baptismaux et deux colonnes soubassements de candélabres, le tout dans un style néo-roman. En 1935, la municipalité fait appel à lui pour orner le chœur de l’église de peintures murales. Il réalise alors, suivant le programme préétabli, une scène de déesis sous laquelle se déploie le cortège des apôtres ainsi que trois saints (le pape Marcel Ier, saint patron du lieu, le roi de France Louis IX et Joseph) et trois saintes (Jeanne d’Arc, Catherine d’Alexandrie et Agnès) en partie centrale. Dans l’abside, la scène principale est placée sur un fond qui imite la mosaïque. Le fond doré rappelle les mosaïques ravennates, auxquelles il emprunte également la structure des scènes, notamment dans la présentation des apôtres, disposés de part et d’autre de palmiers et portant les attributs qui permettent de les identifier, souvent l’instrument de leur martyre. L’arc-triomphal est orné d’une hiérarchie céleste, chacun des neuf personnages représentant une créature angélique spécifique, dont le nom est inscrit dans le nimbe.
            En 2012-2013, une restauration complète de ce décor lui a rendu sa lisibilité et son éclat. L’étude menée par les restauratrices a permis de mieux comprendre comment l’artiste travaillait. Pour rendre ces nuances de couleurs dans la dorure, il utilisait trois tons de peintures métalliques qu’il posait par juxtaposition de touches : le fond est constitué de tonalités cuivrées, tandis que des rayons dorés, plus jaunes que le fond, encadrent le Christ, et que d’autres rayons argentés mettent en valeur le médaillon du chrisme entre l’alpha et l’oméga.


Deësis : Le mot d'origine grecque signifie "prière", est un thème chrétien représenté dans l'art ou la Vierge Marie et Jean-Baptiste sont des deux côtés du Christ, priant pour le salut de l'humanité.

L'abside : du latin absis lui-même dérivé du grec ἁψίς, est la partie saillante en demi-cercle d'un bâtiment monumental ou privé. Wikipédia

Hiérarchie céleste : classification des êtres célestes établie au Ve siècle. Cette hiérarchie est traditionnellement composée de trois niveaux, en fonction de la proximité des anges à Dieu : viennent d'abord les Séraphins, les Chérubins et les Trônes, les Dominations, les Principautés, les Puissances, les Vertus et enfin les Archanges et les Anges. Neuf catégories différentes.
Nimbus (halo) : anneau de lumière ou disque représenté autour de la tête des Saints, des Héros élevés à Dieu ou par Dieu.

Monogramme du Christ entre Alpha et Omega : Symbole de l'éternité du Christ, les premières lettres de son nom (Chi et Rho) sont écrites entre les premières et dernières lettres de l'alphabet grec. Celles-ci encadrent l’alphabet, symbolisant ainsi le tout, le commencement et la fin.





Une fresque de Duilio Donzelli illumine le chœur.  Elle met en scène les apôtres, regroupés par trois et reconnaissables à leurs attributs, et des anges qui viennent compléter la composition sur l’arc-triomphal.  L'ensemble s'inspire de la peinture italienne allant de la tradition ravennate à Raphaël, en passant par Giotto. Au-dessus, la voûte, entièrement recouverte d’une mosaïque aux tons bruns, est percée d’une scène lumineuse représentant un Christ majestueux assis sur un trône et tenant un livre ouvert.












Sivry-sur-Meuse, Eglise Saint-Remi

Eglise Saint-Remi


D’aspect sobre mais imposant, cette église aurait été érigée dès le Xe siècle et reconstruite à plusieurs reprises au cours des siècles, en particulier au XVIIIe siècle, mais a conservé ses deux tours massives rappelant qu’elle était fortifiée. Très endommagée pendant le premier conflit mondial, elle a été restaurée par l’architecte Maurice Lagesse et bénie le 3 août 1927.
            Dans les années 1930, la paroisse se charge de reconstituer le mobilier de l’église : une fois la chaire acquise et les premiers vitraux posés, les fonds recueillis sont destinés à la restauration des autels. Les bulletins paroissiaux de l’époque attestent de la recherche de financements et des appels aux dons pour tous ces travaux. Donzelli est appelé en 1935 pour ériger l’autel du Sacré-Cœur et pour remettre en état celui de la Vierge l’année suivante. Les deux autels sont restaurés dans l’esprit du XVIIIe siècle mais certains éléments, comme l’imitation de mosaïque dans les niches et les motifs de la colombe et des instruments de la Passion, témoignent de l’intervention de Donzelli.
En 1938, ce dernier réalise le décor du chœur sur le thème de l’eucharistie : il peint une Cène sur la voûte, mêlant la tradition de la peinture italienne de la Renaissance et celle de l’art byzantin par ce fond or atemporel. Cette peinture murale s’apparente également à celle de l’église de Véry, datée de 1937, et doit être vue comme l’illustration de la phrase inscrite sur les murs du chœur, « Prenez et mangez ceci est mon corps » (Mt 26, 26), puisque le Christ se désigne d’une main tandis qu’il montre le pain de l’autre. Les grappes de raisin et des épis de blé sur les côtés renvoient aux espèces eucharistiques du pain et du vin alors que l’Agneau mystique placé dans le médaillon dominant la composition évoque clairement le sacrifice. Tous les symboles sont rassemblés pour illustrer ce thème dans le chœur où est célébrée l’eucharistie lors de la messe.

Arma Christi (outils de la passion) : des outils qui ont infligé des souffrances à Jésus-Christ : échelle, couronne d'épines, marteau, clous, piques, lance, éponge, croix ...

La Cène :  Terme issu du latin cena, « repas du soir, dîner ») est le nom donné dans la religion chrétienne au dernier repas que Jésus-Christ prit avec les douze apôtres le soir du Jeudi saint, avant la Pâque juive, peu de temps avant son arrestation, la veille de sa crucifixion, et trois jours avant sa résurrection. Après avoir célébré avec eux la Pâque, il institua l'Eucharistie — selon trois des quatre évangiles canoniques — en disant : « Ceci est mon corps, ceci est mon sang ».  Wikipédia
Eucharistie : un sacrement chrétien. Elle occupe une place centrale dans la doctrine et la vie religieuse de la plupart des confessions chrétiennes. Alors que les catholiques parlent d'Eucharistie, le terme de Sainte-Cène est généralement utilisé par les protestants pour désigner le même rite. Wikipédia

Agneau de Dieu : symbole chrétien rappelant le sacrifice du Christ et la parole de Jean-Baptiste : "Voici l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde" (Jn 1,29).




En 1931, la chaire est remplacée par un ouvrage minutieux de chêne. La bénédiction des premiers vitraux se fait le 28 septembre 1930 alors que les derniers sont bénis le 17 avril 1932. Les orgues sont installés en 1934 et coûtent, à l'époque, la somme de 72000 FR. L'autel du sacré-cœur est une œuvre d'art due à DONZELLI (1935) de même que "La Cène", effectuée en 1938. Cette magnifique peinture du chœur est, selon un extrait du bulletin paroissial de janvier 1939 dû à l'abbé PETIT, "une page d'évangile présentée par le peintre à la méditation des fidèles". Il a suffi d'une bombe tombée non loin de là le 10 mai 1940 pour endommager l'édifice. Les vitraux représentant les quinze mystères du Rosaire sont remplacés. Seul le vitrail du fond de l'église rappelant le souvenir des morts de la guerre de 1914-1918 ne retrouve pas sa place et est remplacé par une représentation de Sainte-Thérèse de l'Enfant Jésus. Celui situé côté nord rappelle le souvenir du patron de la paroisse lors du baptême de Clovis. Ces vitraux sont l'œuvre des ateliers de Georges JANIN, maître verrier à Nancy. Le choix des couleurs et la recherche de clarté rendent le sujet choisi du meilleur effet décoratif.  La suite des quatorze tableaux où sont représentées les scènes de la passion (chemin de la croix) date de 1924 et est due à CHANTREL. Seuls vestiges dans cette église : la nef, datant de 1756. La base des tours est un reste d'éléments fortifiés. Dans la nef, face sud, à environ un mètre du sol, une pierre de réemploi est le fragment d'un monument funéraire 1763.Rappelons en effet que jusqu'au XVIII° siècle, les prêtres sont inhumés dans l'église, Nicolas MARTIN en 1679, Pierre LECLERC en 1712, Jean-Henry EMOND en 1766, etc.... 
D'ailleurs ce dernier repose, d'après le bulletin paroissial de 1962, "en notre église devant l'actuelle table de communion au-dessous de la croix qui était suspendue à la voûte".                                                     
Actuellement les statues de l'église représentent :  Le curé d'Ars, patron des curés de paroisse ; Saint-Nicolas, patron de la Lorraine ; Saint-Antoine de Padoue, invoqué pour retrouver les objets perdus, sauver les malades et les accidentés ; La vierge et l'Enfant Jésus ; Le sacré-cœur ; Saint-Eloi, patron des orfèvres, forgerons, etc..; Sainte Jeanne d'Arc; La vierge et Jésus.





Véry, Eglise Saint-Nicolas

Eglise Saint-Nicolas


Église reconstruite, œuvre de l’architecte René Barba qui a contribué au relèvement de nombreux villages meusiens après la Première Guerre mondiale, Saint-Nicolas a fait l’objet d’une véritable recherche qualitative tant dans ses matériaux que dans ses volumes. Bénie en 1930, elle possède un intérieur entièrement recouvert d’un décor réalisé en 1937 par Duilio Donzelli.
            Les trois scènes peintes du chœur, formant une sorte de triptyque, attirent immédiatement le regard : au centre, est figuré le Christ entouré de ses douze apôtres dans une représentation de la Cène. La composition et le style de l’œuvre l’inscrivent dans la tradition de la peinture italienne de la Renaissance, dans la lignée d’artistes comme Raphaël ou Léonard de Vinci même s’il s’en distingue largement, notamment par la position du Christ, debout tenant une coupe de vin. L’artiste a également représenté la Cène dans les églises Saint-Remi de Sivry-sur-Meuse et Saint-Grégoire de Valence. Le panneau de gauche figure un Christ œuvrant dans l’atelier de charpentier de son père. Le thème du travail est cher à Donzelli qui a connu de nombreuses luttes ouvrières pendant sa jeunesse socialiste puis communiste. La composition avec l’atelier ouvert sur le village de Véry détruit rappelle celle de la toile Venez à moi vous tous qui travaillez peinte dix ans plus tôt pour l’église de Sorcy. La vue choisie est assez réaliste, elle s'inspire de photographies aériennes qui ont pu être prises pendant la guerre. En pendant, sur le panneau de droite, le village reconstruit, associé à la résurrection du Christ qui sort de son tombeau, vainqueur de la mort, comme Véry s’est relevé après le conflit qui l’avait transformé en champ de ruines.
            Sur les murs de la nef court un chemin de croix complété par les instruments de la Passion (colonne brisée, fouets, couronne d’épine, tenailles, marteau, clous) en grisaille. Pour les quatorze stations, le peintre a souvent fait le choix d'un cadrage resserré sur les personnages pour laisser voir les émotions inscrites sur leur visage. La voûte de la nef est couverte d’étoiles, motif récurrent chez Donzelli, mais celle-ci a la particularité de porter un zodiaque, reprenant la tradition romane de figurer par un tel ensemble l’écoulement du temps. Les signes sont répartis dans douze étoiles qui forment un large cercle au centre de la voûte et viennent parfaire le riche décor.

La Cène :  Terme issu du latin cena, « repas du soir, dîner ») est le nom donné dans la religion chrétienne au dernier repas que Jésus-Christ prit avec les douze apôtres le soir du Jeudi saint, avant la Pâque juive, peu de temps avant son arrestation, la veille de sa crucifixion, et trois jours avant sa résurrection. Après avoir célébré avec eux la Pâque, il institua l'Eucharistie — selon trois des quatre évangiles canoniques — en disant : « Ceci est mon corps, ceci est mon sang ».  Wikipédia





Thillot, Eglise Saint-Abdon

Eglise Saint-Abdon





Ce village, durement éprouvé pendant le Premier conflit mondial, possède deux œuvres de Donzelli : le monument aux morts situé sur la place de la mairie, du mobilier liturgique et un décor peint dans l’église reconstruite par l’architecte Gaston Lemaire entre 1926 et 1927 en remplacement de l’édifice antérieur détruit.
            Alors que le monument est signé par l’artiste et abondamment mentionné dans les documents d’archives, l’attribution des peintures de l’église à Duilio Donzelli s’appuie sur une analyse stylistique. Le décor se déploie dans le chœur, sur l’arc-triomphal et dans les bras du transept. Sur chaque voûte figurait, sur un fond bleu-violet parsemé de rinceaux végétaux, un soleil entouré d’un anneau étoilé. Ce décor est encore visible dans le chœur et dans le bras gauche du transept mais dans le bras droit et à la croisée du transept, il est dissimulé par un badigeon blanc sous lequel il est possible de le deviner. Les éléments célestes renvoyant peut-être à la Création du monde peuvent aussi être admirés dans les églises de Maizey et de Véry.
            L’arc-triomphal et la voûte de l’abside portent de nombreux symboles chrétiens : Agneau mystique, monogramme du Christ (« IHS »), phénix et pélican, ces oiseaux fabuleux qui évoquent le sacrifice puis la Résurrection du Christ et qui sont visibles à Seuzey et à Kœur-la-Grande. Un Tétramorphe a été placé sur les murs du chœur ; chaque Évangéliste est représenté dans un losange, sous les niches des statues. Dans les parties hautes du transept ont été reproduites des armoiries : à gauche, celles du pape Pie IX (1922-1939) et à droite, celles de l’évêque de Verdun, Monseigneur Ginisty (1914-1946).
            Les murs du transept sont décorés de panneaux en grisaille : à droite, Jeanne d’Arc représentée en paysanne lorraine (peu lisible) en s’inspirant de la statue sculptée par Henri Chapu* à la fin du XIXe siècle et à gauche, un ange bénissant un enfant. Cette technique de la peinture en grisaille a été utilisée également pour le décor d’une chapelle de l’église de Creuë montrant Ève et la Vierge. L’hypothèse que le décor de cette église daterait du début des années 1930 peut être émise sur la base de ce parallèle stylistique avec les peintures de Creuë, réalisées en 1933.
            Les trois autels sont sans doute aussi l’œuvre de Donzelli : les autels latéraux s’apparentent à ceux des églises d’Haudiomont et d’Haumont-lès-Lachaussée quant à la structure et au décor. Sur la partie basse du maître-autel, le Christ mort sculpté en haut-relief est très expressif. Mobilier liturgique, peintures murales et monument aux morts de la place de la mairie constituent un ensemble significatif de l’artiste dans le village.


* la statue Jeanne d’Arc à Domrémy a été réalisée en marbre en 1871, elle est conservée au musée d’Orsay. Le modèle a été ensuite décliné dans tous types de matériaux.

Le transept : Est une nef transversale qui coupe à angle droit la nef principale d’une église et qui lui donne ainsi la forme symbolique d’une croix latine. La croisée du transept est la partie centrale du transept, commune avec le vaisseau principal de la nef. Wikipédia
Arc triomphal : Dans l'architecture religieuse, un arc triomphal est un arc qui sépare la nef et le chœur d'une église. Wikipédia
L'abside : du latin absis lui-même dérivé du grec ἁψίς, est la partie saillante en demi-cercle d'un bâtiment monumental ou privé. Wikipédia
Agneau de Dieu : symbole chrétien rappelant le sacrifice du Christ et la parole de Jean-Baptiste : "Voici l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde" (Jn 1,29).

IHS : Forme abrégée et translittération imparfaite du nom "Jésus" en grec, utilisé plus tard par l'église comme monogramme pour Jesus Hominis Salvator ("Jésus, le Sauveur des hommes").

Phoenix : cet oiseau mythique, caractérisé par son pouvoir de renaître après s'être consumé dans les flammes, symbolise le Christ ressuscité.
Pélican : Symbole chrétien, le pélican est l'incarnation du Christ, qui se sacrifie pour le salut de l'humanité, car au Moyen Âge, on croyait qu’il perçait son flanc pour nourrir ses petits de sa propre chair et de son sang pour les sauver.


Tétramorphe : Représentation des quatre évangélistes dans leur forme allégorique : l'Homme pour Matthieu, l'Aigle pour Jean, le Taureau pour Luc et le Lion pour Marc, inspirée de la vision d’Ezéchiel (Ez 1 : 1-14) et de la description des Quatre Vivants de l’Apocalypse.











Maizey, Eglise Saint-Étienne

 Eglise Saint-Étienne

En 1706, la chapelle castrale, qui appartient alors à Jean Darmur, seigneur de Maizey, est reconstruite et devient l'église paroissiale. Restaurée en 1753, elle est presque entièrement détruite lors de la Première Guerre mondiale. Le projet de reconstruction finalement approuvé le 31 octobre 1929 est celui d’Armand Quilès, nettement moins ambitieux que celui proposé auparavant par Léon Chesnay.
L’intérieur est en grande partie orné de peintures de Duilio Donzelli qui revêtent ici un aspect essentiellement décoratif, comme le prévoit le devis de 11 000 francs daté du 31 juillet 1933 : pas de grande composition avec de nombreux personnages car les surfaces disponibles pour les peintures ne s’y prêtent pas, mais des ciels étoilés, des frises végétales et des anges avec différents attributs constituent un ensemble homogène ponctué de symboles chrétiens : la remise des Tables de la Loi, l’Agneau mystique ou la bénédiction des espèces eucharistiques (pain et vin) par la main de Dieu dans la nef, le Tétramorphe, le pélican et le phénix à la croisée du transept ou la colombe du Saint Esprit dans le chœur. Les chapelles latérales ont un décor en lien avec le saint vénéré sur les autels : à droite, saint Nicolas, pour lequel une crosse, une mitre et un livre rappellent sa fonction d’évêque et à gauche, la Vierge Marie, à qui est associé un cœur enflammé entouré de roses et transpercé par un glaive. Dans cette église, le jaune-orangé domine dans la plupart des espaces, apportant beaucoup de lumière.
Entourant la nef, dix anges sont présentés sur des fonds bleutés. Répartis entre les murs et les arcatures, ils sont harmonieusement disposés en pendants : latéralement se répondent deux groupes de trois anges, conduits par un ange adorateur balançant son encensoir tandis que, entre les arcatures qui séparent la nef du chœur et du fond de l’église, se tiennent deux anges porteurs de livre à l’avant et deux autres agitant des palmes à l’arrière. Tous ces anges, en particulier les anges musiciens, rappellent ceux que l’on peut voir à Apremont-la-Forêt et à Manheulles.

Tables de la Loi : Dans la Bible, les Tables de la Loi sont des tables en pierre sur lesquelles Dieu a gravé le Décalogue remis à Moïse (cf l'Exode). Leur figuration traditionnelle est devenue un des symboles du judaïsme, utilisé en particulier au fronton des synagogues. Bien qu'étant représentées comme ayant des bords supérieurs arrondis, leur vraie représentation serait en fait carrée
Agneau de Dieu : symbole chrétien rappelant le sacrifice du Christ et la parole de Jean-Baptiste : "Voici l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde" (Jn 1,29).
Tétramorphe : Représentation des quatre évangélistes dans leur forme allégorique : l'Homme pour Matthieu, l'Aigle pour Jean, le Taureau pour Luc et le Lion pour Marc, inspirée de la vision d’Ezéchiel (Ez 1 : 1-14) et de la description des Quatre Vivants de l’Apocalypse.
Pélican : Symbole chrétien, le pélican est l'incarnation du Christ, qui se sacrifie pour le salut de l'humanité, car au Moyen Âge, on croyait qu’il perçait son flanc pour nourrir ses petits de sa propre chair et de son sang pour les sauver.
Phoenix : cet oiseau mythique, caractérisé par son pouvoir de renaître après s'être consumé dans les flammes, symbolise le Christ ressuscité.
Encensoir : vase brûle parfum accroché à 3 petites chaînes, dans lequel l'encens est brûlé et tourbillonné pendant les célébrations de l'église, en tant que symbole de la prière des fidèles, qui s'élève à Dieu.

Informations données par un service du Département de la Meuse




Spada, Eglise Saint-Pierre

Eglise Saint-Pierre




Pendant la Première Guerre mondiale, l’église est presque totalement détruite. Elle est reconstruite sur un projet des architectes de Saint-Mihiel, François Tréchot et Charles Langlois, approuvé en 1924. Le projet est immédiatement exécuté et l’église est reconstruite sur ses fondations d’origine.
            L’originalité du décor réalisé dans l’édifice par Duilio Donzelli en 1938-1939 est qu’il reste inachevé : l’artiste a commencé à peindre le début de la nef et s’est rapidement arrêté, sans doute pour des raisons financières. L’esquisse au crayon d’un personnage dans un médaillon est visible sur la voûte de la nef. Le décor prévu pour la nef est un décor de fausse pierre avec une frise de poissons que l’on retrouve dans l’église de Kœur-la-Grande, à la différence des chevrons rouges. Les surfaces vierges sur l’arc-triomphal marquent les emplacements des autels latéraux dont nous n’avons plus la trace et qui auraient été démontés dans la seconde moitié du XXe siècle. En effet, Donzelli avait prévu son décor pour servir de toile de fond à des statues qui devaient apparaître dans des mandorles, entourées d’anges.
            Le chœur est orné d’une scène inédite dans l’œuvre meusienne de Donzelli : un Jugement dernier. Le Christ envoie sa lumière sur les élus en adoration à sa droite tandis que les damnés sont foudroyés par les éclairs qui émanent de la main du Christ et brûlent dans les flammes, reprenant une conception chrétienne traditionnelle de la fin des temps. Au premier plan se tiennent saint Pierre portant sa clé, à gauche, et saint Paul avec une épée, à droite. De part et d’autre, des anges sonnant des trompes complètent la scène.
            Tout comme l’église de Lamorville, celle-ci abrite au fond une chapelle commémorant les morts de la guerre par un monument et un vitrail patriotique. Le thème guerrier est traduit également dans la frise peinte sur laquelle alternent des croix et des casques Adrian entourés de couronnes de lauriers.

Mandorle : figure géométrique en forme d'amande, dans laquelle s'inscrivent des personnages sacrés
Le Jour du jugement dernier : est, selon les religions abrahamiques, le jour où se manifestera aux humains le jugement de Dieu sur leurs actes et leurs pensées. Le devenir des damnés et des justes n'est pas le même selon tous les textes. Wikipédia











Saint-Maurice-sous-les-Côtes, Eglise Saint-Maurice

Eglise Saint-Maurice

C’est sans doute dans cette église, datée de la fin du XVIIIe siècle qui a échappé à la destruction lors du premier conflit mondial, que Duilio Donzelli a peint sa composition la plus monumentale avec ses cinquante et une figures représentées sur la voûte du chœur. L’ensemble n’est pas sans rappeler l’art byzantin par l’hiératisme de la figure du Christ et les cortèges de personnages reconnaissables à leurs attributs.
            Ici, comme pour le décor de plusieurs autres églises meusiennes, le thème du Christ-roi a été retenu. Le traitement est cependant singulier : assis sur un trône, le Christ, assis à la base de la voûte, porte des vêtements d’empereur byzantin. Il tient un sceptre et un globe. Au-dessus de lui, deux anges particulièrement gracieux tiennent une banderole avec une parole du Christ : « Je suis le chemin, la vérité et la vie » *. De part et d’autre du Christ se déploient deux longs cortèges de représentants des sociétés ecclésiastique et laïque, pour symboliser cette royauté universelle du Christ. À sa droite, sont reconnaissables entre autres le pape, un cardinal et un évêque, chacun accompagné de sa suite, un prêtre, des moines et des religieuses. À sa gauche, figurent des membres de la société laïque rangés derrière une allégorie de la France : une famille avec des enfants, des militaires parmi lesquels le maréchal Pétain, des magistrats et des travailleurs de différents corps de métier dont mineur et forgeron. Derrière tous ces personnages, séparés par une balustrade, ont été représentés en grisaille des monuments emblématiques tels que la basilique Saint-Pierre de Rome, celle du Sacré-Cœur à Paris, la cathédrale de Verdun ou encore l’église de Saint-Maurice elle-même. En réalisant cette composition, Donzelli avait sans doute en tête la mosaïque « Jeanne d’Arc fait l’offrande du royaume au Christ-Roi » qui orne l’absidiole sud de l’église haute de la basilique du Bois Chenu à Domrémy. Inaugurée en 1932, l’œuvre des ateliers Lorin (sur des cartons d’Henri Pinta) avait connu une large publicité puisqu’une souscription avait été lancée pour la financer.
Aucune signature n’est visible mais peut-être est-ce parce que Donzelli s’est figuré au milieu de ses compatriotes, dans son habit de peintre, avec sa palette et ses pinceaux. Une forte dynamique émane de cette composition du fait de la variété des attitudes et des groupes de personnages ainsi que du fond couleur or sur lequel les strates de nuages sont disposées de manière circulaire.
            Enfin, pour évoquer l’eucharistie en cette entrée du chœur, l’arc-triomphal est peint de scènes de vendanges et de moissons : la mise en scène d’ouvriers agricoles au travail marque l’intérêt de Donzelli pour les travailleurs, avec lesquels il a partagé la lutte pendant sa jeunesse.


* citation tirée de l’évangile de Jean, 14, 6. Sur la banderole figure le texte en latin « EGO SUM VIA, VERITAS ET VITA ».

Absidioles : En architecture religieuse, une absidiole, appelée aussi chapelle absidiale, est une chapelle secondaire de petite dimension s'ouvrant sur l'abside. Saillant en nombre variable autour du chevet, on l'appelle aussi « chapelle rayonnante ». Les absidioles peuvent aussi être placées en couronne autour du déambulatoire. Wikipédia

Caractère hiératique : Caractère de majesté sévère, d’immobilité ou de gravité qui semble être imposer par un rite ou une tradition. 
Eucharistie : Sacrement chrétien. Elle occupe une place centrale dans la doctrine et la vie religieuse de la plupart des confessions chrétiennes. Alors que les catholiques parlent d'Eucharistie, le terme de Sainte-Cène est généralement utilisé par les protestants pour désigner le même rite. Wikipédia



Lamorville, Eglise Sainte-Marie-Madeleine

Eglise Sainte-Marie-Madeleine

En 1933, la paroisse de Lamorville passe un marché de gré à gré de 20 000 francs avec Duilio Donzelli pour la décoration de l’église Sainte-Marie-Madeleine, dévastée pendant la Première Guerre mondiale et reconstruite en 1922 à l’emplacement de l’édifice antérieur. Le devis descriptif détaille les différents décors prévus que l’on peut aujourd’hui admirer dans l’église.
            Le chœur est entièrement peint. Sur la voûte de l’abside est représenté un Trône de grâce. Ce motif iconographique se retrouve également dans l’église de Cierges-sous-Montfaucon. Au pied de la croix s’abreuvent deux cerfs, symboles d’éternité, qui rappellent les figurations de cet animal s’abreuvant aux fleuves du Paradis sur les mosaïques italiennes (cf. Saint-Jean-de-Latran, Saint-Clément, …). Le registre médian se compose de cariatides architecturales en grisaille de style Art Déco qui encadrent les trois baies de l’abside. De part et d’autre, quatre anges agenouillés soutiennent d’un côté un Sacré-Cœur auréolé et, de l’autre, les espèces eucharistiques (pain et vin), elles aussi auréolées. Le registre inférieur est occupé par des draperies.
            La décoration de l’arc-triomphal est également d’une grande richesse. Le panneau central est consacré à la sainte patronne de l’église, Marie-Madeleine, montrée ici face au Christ dans la scène du Noli me tangere. Cette représentation s’inscrit pleinement dans la tradition iconographique occidentale classique, rappelant notamment le tableau d’Eustache Le Sueur (XVIIe siècle, musée des Beaux-Arts de Grenoble, dépôt du Louvre) dans les attitudes des deux personnages, leurs vêtements et leurs gestes, ainsi que l’inscription dans un paysage. Les piliers et l’intrados de l’arc sont ornés des instruments de la Passion (échelle, clous, lance, marteau, pince) et de palmes.
            Enfin, la petite chapelle dédiée aux Morts de la guerre située au fond, sur la droite, a été décorée par Donzelli. Elle a malheureusement beaucoup souffert : des pans entiers du plafond se sont détachés et le décor a presque entièrement disparu, il n’est plus lisible à l’exception de l’intrados, à l’entrée.

Le Trône de grâce : Est une figure de l'iconographie chrétienne consistant en une représentation verticale de la Sainte Trinité. Dieu le père soutient habituellement, dans une composition verticale, les bras de la Croix supportant le Christ ; le Saint-Esprit, troisième figure trinitaire, est visible par une colombe entre le col du père et la tête du fils, ou même au-dessus de la tête du Père. Wikipédia

Noli me tangere : terme latin signifiant "ne me touche pas". Ce sont les paroles que le Christ aurait dites à Marie-Madeleine lorsqu'il lui apparut après sa résurrection.