dimanche 4 août 2019

Lacroix-sur-Meuse, Eglise Saint-Jean-Baptiste

Eglise Saint-Jean-Baptiste

À son arrivée dans la Meuse, en 1925, la famille Donzelli trouve refuge dans le village de Lacroix et Duilio installe rapidement son atelier dans la rue principale, juste en face de l’église. Sur la façade, on devine encore les lettres de son nom, marquant sa présence en ces lieux.
            L’église ayant été très abîmée pendant la guerre par des bombardements, c’est tout naturellement à Donzelli que s’adresse la municipalité lorsqu’il est nécessaire de restaurer l’intérieur de l’édifice en 1927. Connu comme sculpteur, Duilio est engagé pour la réfection des autels et des statues et pour couvrir les murs d’un badigeon. Il offre alors la peinture des panneaux représentant les quatre évangélistes dans le chœur. Il effectue sans doute sa première peinture monumentale. Il décore ensuite les deux absidiolesla chapelle des fonts baptismaux, l’entourage de la porte d’entrée et le transept ouest pour lequel il sculpte aussi l’autel du Sacré-Cœur et la statue qui le surmonte. L’aménagement du transept est vraisemblablement plus tardif car la technique semble plus maîtrisée pour la Crucifixion et l’Incrédulité de saint Thomas. La date de 1936 est portée sous les pieds du soldat tenant une lance.
            Sa formation à l’école des Beaux-Arts se ressent fortement dans les différentes scènes peintes par l’artiste qui s’inspire des grands maîtres italiens mais aussi nordiques : derrière le maître-autel, le panneau de la Vierge à l’Enfant reproduit un tableau de Carlo Dolci (La Vierge au voile, XVIIe siècle, palais Corsini, Rome) ; le mariage de la Vierge rappelle les compositions de Pérugin et de Raphaël ; les anges musiciens du fond s’inspirent de la peinture siennoise ; sur le panneau de la Sainte famille, la posture de la Vierge portant l’enfant est très proche de La Vierge et l'Enfant avec la famille du bourgmestre Meyer* d’Hans Holbein le Jeune.
            Sur le plan technique, l’église a servi de terrain d’expérimentation puisque Donzelli a peint avec une technique s’apparentant à celle de la fresque mais également sur un enduit de plâtre dans les absidioles, ce qui explique la fragilité de la peinture dans ces chapelles. Celle de gauche est d’ailleurs inachevée en partie haute : des niches ont été peintes pour accueillir des personnages qui n’y ont jamais été placés. Dans l’absidiole de droite, on peut penser que le registre supérieur avec les anges tenant les instruments de la Passion est de la main de Dante, fils de Duilio, car on y retrouve les aplats de couleur vive et la stylisation dans les drapés.
            L’ensemble constitue donc un tout hétérogène mais particulièrement intéressant pour comprendre le parcours des artistes.


* peinte entre 1526 et 1528, cette huile sur bois, également connu sous le nom de Madone de Darmstadt, est conservée à la Kunsthalle Würth de Schwäbisch Hall (Wurtemberg).

Absidioles : En architecture religieuse, une absidiole, appelée aussi chapelle absidiale, est une chapelle secondaire de petite dimension s'ouvrant sur l'abside. Saillant en nombre variable autour du chevet, on l'appelle aussi « chapelle rayonnante ». Les absidioles peuvent aussi être placées en couronne autour du déambulatoire. Wikipédia












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