Eglise Saint-Abdon
Ce
village, durement éprouvé pendant le Premier conflit mondial, possède deux
œuvres de Donzelli : le monument aux morts situé sur la place de la
mairie, du mobilier liturgique et un décor peint dans l’église reconstruite par
l’architecte Gaston Lemaire entre 1926 et 1927 en remplacement de l’édifice
antérieur détruit.
Alors que le monument est signé par
l’artiste et abondamment mentionné dans les documents d’archives, l’attribution
des peintures de l’église à Duilio Donzelli s’appuie sur une analyse
stylistique. Le décor se déploie dans le chœur, sur l’arc-triomphal et dans les
bras du transept. Sur chaque voûte figurait, sur un fond bleu-violet
parsemé de rinceaux végétaux, un soleil entouré d’un anneau étoilé. Ce décor
est encore visible dans le chœur et dans le bras gauche du transept mais dans
le bras droit et à la croisée du transept, il est dissimulé par un badigeon
blanc sous lequel il est possible de le deviner. Les éléments célestes
renvoyant peut-être à la Création du monde peuvent aussi être admirés dans les
églises de Maizey et de Véry.
L’arc-triomphal et la voûte
de l’abside portent de nombreux symboles chrétiens : Agneau mystique, monogramme du Christ
(« IHS »), phénix
et pélican, ces oiseaux fabuleux qui
évoquent le sacrifice puis la Résurrection du Christ et qui sont visibles à
Seuzey et à Kœur-la-Grande. Un Tétramorphe
a été placé sur les murs du chœur ; chaque Évangéliste est représenté dans
un losange, sous les niches des statues. Dans les parties hautes du transept
ont été reproduites des armoiries : à gauche, celles du pape Pie IX
(1922-1939) et à droite, celles de l’évêque de Verdun, Monseigneur Ginisty
(1914-1946).
Les murs du transept sont décorés de
panneaux en grisaille : à droite, Jeanne d’Arc représentée en paysanne
lorraine (peu lisible) en s’inspirant de la statue sculptée par Henri Chapu* à la fin du XIXe siècle et à gauche,
un ange bénissant un enfant. Cette technique de la peinture en grisaille a été
utilisée également pour le décor d’une chapelle de l’église de Creuë montrant
Ève et la Vierge. L’hypothèse que le décor de cette église daterait du début
des années 1930 peut être émise sur la base de ce parallèle stylistique avec
les peintures de Creuë, réalisées en 1933.
Les trois autels sont sans doute
aussi l’œuvre de Donzelli : les autels latéraux s’apparentent à ceux des
églises d’Haudiomont et d’Haumont-lès-Lachaussée quant à la structure et au
décor. Sur la partie basse du maître-autel, le Christ mort sculpté en
haut-relief est très expressif. Mobilier liturgique, peintures murales et
monument aux morts de la place de la mairie constituent un ensemble
significatif de l’artiste dans le village.
* la
statue Jeanne d’Arc à Domrémy a été
réalisée en marbre en 1871, elle est conservée au musée d’Orsay. Le modèle a
été ensuite décliné dans tous types de matériaux.
Le
transept : Est une nef transversale qui coupe à angle droit la
nef principale d’une église et qui lui donne ainsi la forme symbolique d’une
croix latine. La croisée du transept est la partie centrale du transept,
commune avec le vaisseau principal de la nef. Wikipédia
Arc
triomphal : Dans l'architecture religieuse, un arc triomphal est
un arc qui sépare la nef et le chœur d'une église. Wikipédia
L'abside : du latin
absis lui-même dérivé du grec ἁψίς, est la partie saillante en demi-cercle d'un
bâtiment monumental ou privé. Wikipédia
Agneau de
Dieu : symbole chrétien rappelant le
sacrifice du Christ et la parole de Jean-Baptiste : "Voici l'Agneau de
Dieu qui enlève le péché du monde" (Jn 1,29).
IHS : Forme abrégée et translittération
imparfaite du nom "Jésus" en grec, utilisé plus tard par l'église
comme monogramme pour Jesus Hominis Salvator ("Jésus, le Sauveur
des hommes").
Phoenix
: cet oiseau mythique, caractérisé par son pouvoir de renaître
après s'être consumé dans les flammes, symbolise le Christ ressuscité.
Pélican : Symbole chrétien, le pélican est l'incarnation du Christ, qui se
sacrifie pour le salut de l'humanité, car au Moyen Âge, on croyait qu’il perçait son flanc
pour nourrir ses petits de sa propre chair et de son sang pour les sauver.
Tétramorphe : Représentation
des quatre évangélistes dans leur forme allégorique : l'Homme pour
Matthieu, l'Aigle pour Jean, le Taureau pour Luc et le Lion pour Marc, inspirée
de la vision d’Ezéchiel (Ez 1 : 1-14) et de la description des Quatre Vivants
de l’Apocalypse.
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