samedi 2 janvier 2016

Peyrus Drôme Notre Dame des Champs

Notre Dame des Champs

Elle a été inaugurée en 1947.
Pour se rendre à la statue: garer la voiture sur le parking de la piscine puis prendre le chemin de Chabrette qui se situe en face.
A une bifurcation garder le sentier de gauche.




















La dernière photo est un document de Roberto Campanaro : Duilio à l'atelier de Valence, la Vierge prête à être livrée et Dora Donzelli (la fille de Duilio) avec ses deux filles (sœurs de Roberto)
Photos SC

1 commentaire:

  1. Notre-Dame-des-champs par Anne-Marie RAVEL

    Le voyageur qui passe par Peyrus aperçoit de loin une blanche statue de vierge perchée dans la verdure. Plusieurs villages drômois offrent cette particularité depuis la Seconde Guerre mondiale.
    Pour en trouver l’origine, il faut revenir au contexte de l’été 1944 et aux terribles exactions commises par les Allemands et la milice contre la Résistance et les villages du Vercors.
    L’évêque de Valence, monseigneur Camille Pic, le 15 août, forme le double vœu que les communes épargnées par la guerre érigent une statue de la Vierge, visible à l’extérieur de l’église et viennent chaque année le 15 août en pèlerinage remercier « Notre Mère de sa protection efficace ». Le débarquement allié en Provence, ce jour-là, sera interprété comme un signe de la providence.
    Une centaine de statues de la “VIERGE DU VOEU DU 15 AOUT 1944” ou oratoires seront ainsi consacrés. La première statue est érigée à Ambonil, la dernière le sera à Montchenu en 1961.
    Il a été fait appel à plusieurs sculpteurs comme Gaston Dintrat, les époux Hartmann, réfugiés à Allex, les ateliers lyonnais Bachini et Vermare. La Vierge de Peyrus sera l’œuvre de Duilio Donzelli, artiste réfugié à Valence qui sculptera aussi les statues de Montélier, St-Marcel-lès-Valence, Chabeuil, Fauconnières Châteauneuf-d’Isère, Montmeyran, Montchenu ainsi que l’archange de Saint-Nazaire-le-Désert.
    À Peyrus, comme dans chaque village, une collecte de fonds est organisée pour payer la prestation, incluant la construction d’un socle. L’action est opérationnelle en 1947. Marcel Fave, 25 ans à l’époque a encore d’excellents souvenirs (les archives municipales ou paroissiales n’ont pas livré de détails).
    Initialement, le souhait est de placer la statue sur la colline du Ban (Banc ?) du Conseil, surplombant l’église …mais il s’avère, au vu de la somme recueillie que la statue sera haute et massive donc impossible à monter dans ce lieu escarpé.
    Marius Cotte propose alors un lieu, sur la colline de Chabrette.
    On commence à entasser dans un local en face de l’église, gravier et sacs de ciment pour le socle…cependant, un tel poids n’est pas supporté par le plancher qui s’effondre, il faudra, à la pelle, ramasser le contenu des sacs éventrés dans la cave.
    De nombreux aller-retours seront nécessaires pour monter ce matériel jusqu’au lieu choisi. C’est M.Ducoin qui édifie les marches d’escalier et le socle. Eugène Barnasson est prêt à transporter la statue avec son camion GMC, mais le sculpteur Duilio Donzelli (artiste réfugié à Valence depuis 1940) refuse, craignant que les soubresauts du camion ne cassent la statue. C’est donc Gabriel Descombe qui aura la délicate mission de monter la statue dans un « bariot » (charrette) garni de paille …l’équipage s’ébranle avec son précieux chargement, la statue est debout, bien entourée de paille et sanglée dans la charrette. On a pris la précaution de munir les sabots des mulets de clous à glace pour éviter qu’ils ripent sur le chemin. Le sculpteur et son équipe, des villageois à pied, escortent la charrette.
    Finalement arrivée à bon port, elle est scellée. Les Peyrusiens découvrent « Notre Dame des champs » dont le sculpteur a voulu que la robe se soulève légèrement, évoquant le Mistral. Ce souffle de modernité surprendra quelques personnes qui le trouveront un brin impertinent…D’autres estimeront que la statue ne correspond pas tout à fait à la somme recueillie …Toujours est-il qu’un premier pèlerinage consacre la statue le 15 août 1947.
    Après la mort de Marius Cotte, son épouse lègue le terrain à la mairie avec charge de l’entretenir.
    Plus tard, les huit marches du socle sont engazonnées. Savait-on qu’ainsi Notre-Dame-des-champs serait plus proche du projet champêtre de Donzelli ? La statue a été rebaptisée « Notre Dame de la paix ».

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